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Le Messie des Acacias
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In memoriam Nasser
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Et l’on meurt soudain
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dans les escaliers
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d’une marche escamotée
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comme d’un couteau surgi du néant
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de la main d’un voisin
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avec lequel on jouait aux dominos
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Mon frère n’était
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ni poète ni technologue
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un simple vivant qui luttait
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contre les glaucomes
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et la nuit qui l’avait saisi
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dans ses prunelles d’outre-mémoire
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Il apprivoisait le destin
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d’une mauvaise lunaison au cerveau léguée
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par un âpre ancêtre
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et portait sans connaître le cubisme
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le masque mortel de Picasso
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une marche escamotée
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dans un escalier ténébreux
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dans une hlm déglinguée
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a suffi
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pour qu’il chute
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dans le monde parallèle qui l’habitait
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Mon frère n’était
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ni poète ni technologue
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un simple vivant qui s’asseyait sur une borne de
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la Maison livide
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et croyait au Messie
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Il croyait au Medhi-Attendu le bien nommé
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sur son noir étalon aux naseaux fumants
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de retour de son occultation multiséculaire
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piaffant dans la poussière et les sacs en plastique
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le messie qui doit - murmure-t-on-
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rendre justice aux petites gens
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et faire fondre la graisse
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des puissants du jour
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Mon frère n’était ni poète
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ni un technologue encore moins un devin
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Il faisait chaud ce jour de juin
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Il est allé au bain maure
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Il s’est désaltéré juste avant de glisser
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sur la marche escamotée
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Il est parti
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bien avant le retour du Mehdi
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ce dernier avait trop tardé
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trop de poussière, trop de sachets noirs, de détritus
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d’acacias tordus meurtris
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de sermons lénifiants
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dans la torpeur de la Cité livide
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C’est ainsi que l’on meurt
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dans mon pays tout simplement
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en prenant l’escalier
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mon frère
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et c’est ainsi que vont
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les vies escamotées
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© Poème d’Abdelmadjid Kaouah
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extrait du recueil “ Le cri de la mouette quand elle perd ses plumes”
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