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BREMEN
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à Nicole Bergot
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De Barcelone à Brême
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combien faut-il de langues
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de babils de murmures
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pour dresser une couronne de vers
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à l’amie lointaine dans l’hiver
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qui reconstruit en Allemagne
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des murs de poèmes fraternels
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avec Christel nous sommes allés
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à la Bötterstraße pour surprendre
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en son musée une amie de Rainer Maria Rilke
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Bien pâle m’est alors apparu le conte de Grimm
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et ses musiciens fuyant la mort à Brême
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dans son costume noir sous verre reposait
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le ténébreux amant de Paula Modersohn-Becker
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c’était le poète selon la prophétie mensongère
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qui donne encore à la vie un parfum d’outre-éternité
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De Barcelone à Brême
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le voyage se déroule entre deux musées
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du premier à ciel ouvert s’élève un olivier catalan
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sous l’oeil sourcilleux de Juan Miro
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tout près du second Sept Paresseux scandent
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trois fois par jour le testament hanséatique
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Anna Gréki femme des Aurès est morte
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Au même âge que Paula la bien-aimée
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Je vais de Brême à Barcelone
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En escaladant la mémoire
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Et par de longues escales algériennes
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C’est ainsi que se tisse le poème
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C’est ainsi que mûrit le fruit
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Tant de rumeurs et de femmes
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L’une tire les cartes
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L’autre protège par les talismans
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et la dernière que je devine à peine
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m’appelle à Sinéra
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Cugnaux , 10 février 2006
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© Poème d’Abdelmadjid Kaouah
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