|
AÏCHA
|
|
|
Un bouquet d’arômes de sirops et d’épices
|
Envolés sur le nuage de l’usure
|
Des mâchoires fatiguées lasses
|
De mordre à l’ordre des jours
|
Pourtant belles sont encore les senteurs
|
Une confiture qui s’échappe de la mémoire
|
La mère accroupie dans la cuisine
|
L’orange forte dans un main
|
La râpe dans l’autre dans un combat à deux
|
Tandis que le sucre comme une vierge farouche
|
Se débat et se donne en mille replis secrets
|
Dans le chaudron à malice
|
C’est ainsi que la mère traçait les frontiéres
|
Des saisons d’un fruit à l’autre
|
Quand le marché s’ouvrait enfin aux humbles
|
Coings abricots poires oranges amères
|
Et parfois même la tomate venait à la rescousse
|
Pour boucler le trimestre
|
Le citron prenait sa revanche et trônait
|
En bourreau de circonstance
|
Imposant ses greffes vicieuses
|
Et sa bave fils prodigue impénitent
|
Prêt à toutes les compromissions
|
Et à tous les plaisirs fruités
|
Ah il m’en souvient de Aïcha
|
Et de ses miracles domestiques
|
Sur Cugnaux traînent derrière les belugas
|
Des parfums de confiture d’outre mémoire
|
|
24 octobre 2001
|
|
____________________
|
|
Poème d’Abdelmadjid Kaouah
|
|