|
COU
|
|
|
Là-bas Alger
|
|
Derrière les brouillards d’images
|
les forêts d’affiches salaces
|
une petite fille recoud
|
le cou de sa mère
|
avant de retourner
|
au berceau
|
|
Extrait de “LE NOEUD DE GARONNE” ( Ed.AUTRES TEMPS,Marseille 1999)
|
____________________
|
|
J’ai désiré les mots...
|
|
J’ai désiré les mots
|
À l’image de mes amitiés
|
Et des soirs bavards
|
Qui aident les hommes
|
À comprendre les oiseaux
|
La sève des arbres
|
J’ai creusé les mots
|
Dans l’alphabet de la neige
|
Afin qu’ils ne soient pas définitifs
|
|
*
|
|
l’arrière-mémoire...
|
|
l’arrière-mémoire
|
où s’étend notre pays
|
est un marécage de lumière
|
où l’on va nu
|
pour ne pas effrayer les oiseaux
|
|
la mer comme un couteau dans la mémoire
|
ton corps entre la mort et la présence
|
tu n’existes pas
|
ma blessure d’enfance
|
|
*
|
|
quelque chose a craqué...
|
|
quelque chose a craqué
|
dans le noir de tes yeux
|
est-ce ton désir
|
au berceau
|
est-ce ton désir
|
est-ce cette étoile impure
|
qui te voue à l’errance
|
est-ce un grain qui assure
|
sa présence dans le sommeil de la neige
|
|
quelque chose a craqué
|
dans le noir de tes yeux
|
quelque chose de dur
|
qui naît à la douleur
|
et qui n’est pas une réponse définitive
|
aux postures lancinantes de notre attente
|
|
quelque chose a craqué
|
dans le noir de notre nuit
|
une branche de laurier échappée
|
à la fatalité de l’oued
|
quelque chose a craqué
|
dans le noir de la mémoire
|
l’orgueil du feu assumé par les casbahs
|
l’amour faisant violence à demain
|
|
désormais nous nous regarderons
|
de toute la hauteur de notre nudité
|
|
|
Extraits de “Par quelle main retenir le vent” Noir &Blanc 2000)
|
____________________
|
|
|
il y a un peu de toutes les mémoires...
|
|
il y a un peu de toutes les mémoires
|
dans ce lieu redécouvert
|
ni sombre ni amer
|
juste ce qu’il faut d’épreuves
|
pour avoir survécu aux saccages
|
ni tout à fait entier
|
ni tout à fait le même
|
|
toujours cet espace
|
où le feu vivace
|
s’acharne contre
|
les premières frayeurs
|
des miroirs nubiles
|
|
il y a un peu de toutes les mémoires
|
dans ce lieu de péril
|
ni sombre ni amer
|
juste ce qu’il faut de patience
|
après avoir tout ajourné
|
|
|
Extrait de “La Jubilation du jasmin” , L’Orycte, Sigean,1986
|
|