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POUR ALBERT
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Né au Sud de la Louisiane
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Décédé à San Diego
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Tu crois que je ne suis qu’un squelette
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dans une tombe dans un désert en Californie.
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Mais je suis vivant dans le serpent sonnette
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sous la feuille de tabac, la moissonneuse
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dans les clos de canne à sucre,
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le sax endiablé dans la rue Bourbon.
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Je suis vivant dans les pelouses et le fuchsia,
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les façades saumonées, les baies, et les galeries
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dans la chaleur d’été et las calles de La Jolla.
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Je suis vivant dans le teint olive de ma fille,
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le torse maigre de mon fils, et dans
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le souvenir de leur mère
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de la première fois qu’elle m’a vu.
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Je suis vivant dans les corps couverts
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de mélanome gros comme des petits pois,
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corps trop émaciés, trop engourdis,
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pour discerner la différence
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entre l’hallucination et le jour.
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Quand tu croiras
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que tu as oublié ma figure,
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je te viendrai dans un rêve.
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Quand tu croiras
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que tu as oublié ma voix,
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Je te parlerai.
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Parce que je suis en vie,
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je suis en vie.
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Extrait de “La grande Pointe” ( Ed.Cross-Cultural Communications,New York 1995)
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