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Dans la nuit
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Dans la nuit,
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Couleur de ma peau, ciment des mystères,
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Silence du soleil, démence des despotes
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Un rêve instable murmure les hauts faits de l’histoire
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Déplisse les cicatrices habitées par le temps
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Dans la nuit,
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Royaume des maudits, forteresse à jeun,
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Forêt de peurs et de pleurs
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Le goût de la lumière allumera-t-il la colère
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Brisera-t-il la tutelle de l’ignorance et de l’impudence ?
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Dans la nuit,
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Baptistère et suaire des prières,
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Terreau et tombeau des songes,
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L’étreinte de la douleur vient froisser une tapisserie défaite
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Elle effrite une mosaïque déjà en miettes
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Dans la nuit,
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Abri et prison du désir et des promesses
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Mon pays affamé, craquelé, se réveillera-t-il ?
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Mes frères bâillonnés, malmenés, se lèveront-ils ?
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Malgré la misère, malgré les chimères
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Malgré les convulsions des illusions
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Libèreront-ils des mots d’aurore et d’ambre ?
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Ils chanteront l’espoir,
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Sanctuaire de l’audace et de la foi,
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Demeure de la sagesse qui domine les hasards.
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© Jean Métellus
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Poème extrait de l’anthologie poétique “Une salve d’avenir.L’espoir”
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parue chez Gallimard en mars 2004
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Femme noire
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La femme noire a un enfant qui la tient en alerte
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La femme noire a un enfant et des seins douloureux
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C’est une accouchée d’hier
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Les douleurs l’ont surprise à la cueillette du café
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Là sous le caféier sur la veste de son mari, la tête
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contre un palmier,
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les pieds plantés dans la terre, elle a poussé
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son enfant
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L’eau de la source est pure
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La chaleur du corps tendre
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Elle reprit son travail avec au sein l’enfant
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dans une main, la machette
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Le sarclage recommence, la cueillette de plus
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belle, la mère engrosse le terre pour pouvoir
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donner du lait à son enfant
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© Jean Métellus
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Poème extrait du recueil “Au pipirite chantant”
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Les Éditions Les lettres nouvelles 1995
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Au pipirite chantant (extrait)
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Et le paysan haïtien enjambe chaque matin la
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langue de l’aurore pour tuer le venin de ses
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nuits et rompre les épines de ses cauchemars
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Et dans le souffle du jour tous les loas sont
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nommés
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Au pipirite chantant le paysan haïtien, debout,
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aspire la clarté, le parfum des racines, la flèche
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des palmiers, la frondaison de l’aube
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Il déboute la misère de tous les pores de son corps
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et plonge dans la glèbe ses doigts magiques
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Le paysan haïtien sait se lever matin pour aller
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ensevelir un songe, un souhait
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Sur des terrasses vêtues de pourpre il est happé
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par la vie, par les yeux des caféiers, par la
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chevelure du maïs se nourrissant des feux du
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ciel
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Le paysan haïtien au pipirite chantant lève le
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talon contre la nuit et va conter à la terre ses
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misères dans l’animation d’une chandelle
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Et son oreille croit plus à la patience des végétaux
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qu’au vertige du geste, à l’insurrection des her-
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bages qu’aux prodiges du sermonnaire
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Car il méprise la mémoire et fabrique des projets
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Il révoque le passé tressé par les fléaux et les
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fumées
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Et dès le point du jour il conte sa gloire sur les
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galeries fraîches des jeunes pousses
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© Jean Métellus
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Extrait du poème “Au pipirite chantant” tiré du recueil “Au pipirite chantant”
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Les Éditions Les lettres nouvelles 1995
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LA TERRE
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Terre meurtrie et terre d’immortalité
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Terre de désolation et terre promise
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Terre pure et de rétribution
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Terre de rédemption comme la terre d’Haïti
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Sacrée et sacrifiée
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Mystique et scarifiée
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Mais aussi terre de lumière et de prédiction
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Garante du serment du Bois Caïman
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Elle plaça Toussaint à la tête d’esclaves traités comme des bêtes
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Terre de la naissance du premier état nègre du monde
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Oui, c’est une terre étonnante, cette terre d’Haïti
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Elle accueille et suscite tant de mystères
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C’est le pays des morts-vivants
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Pays où s’enracinent les légendes
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Où naissent de très grandes aventures
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Où jaillissent des cris qui ébranlent les préjugés
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C’est le pays de Toussaint Louverture
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L’homme de tous les commencements
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L’homme-phare du verbe prémonitoire
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© Jean Métellus
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